Théâtre : La Dame aux camélias
C’est après une ouverture quelque peu banale, bâtie autour d’un prévisible flashback, que s’ouvre cette Dame aux camélias
de Robert Bellefeuille. Dès le départ, on est soufflé par la
scénographie imposante et impeccable qui meuble sans faille la scène du
Théâtre du Nouveau Monde. Les différents matériaux adhèrent
impeccablement aux thèmes et problématiques de la pièce, en particulier
le verre qui reflète habilement les subtilités des éclairages d'Étienne
Boucher. De simples chaises emplissent la scène pour représenter
efficacement les différents lieux où se déroule l’action, et les
nombreuses entrées et sorties des personnages sont dispersées dans
l’espace grâce à la scénographie ingénieuse de Jean Bard.
Et que
dire du jeu de cette talentueuse équipe? Les personnages secondaires
sont habilement rendus autant par François-Xavier Dufour que par Paul
Savoie qui mettent de la vie dans ce texte quelquefois lourd de
dialogues. Cependant on pardonne à l’auteur puisque les dialogues sont
aussi composés d’échanges savoureux. Monique Spaziani est, entre
autres, excellente dans son rôle de Florence.
On se questionne
cependant sur les directives de jeu données à Anne-Marie Cadieux et
Sébastien Ricard. Jouant dans un style différent des autres
personnages, on est surpris par leur interprétation, mais on s’y laisse
prendre de la même façon que Marguerite se laisse si bien séduire par
son Armand. Parce qu’on ne peut qu’être charmé par cette histoire
d’amour tragique, même si quelquefois les élans amoureux des comédiens
semblent quelque peu mécaniques, voire sans passion. En effet, la
chimie entre Cadieux et Ricard semblait se perdre dans la grandeur du
décor ou, à tout le moins, défaillir lors de certains moments de
tendresse. Et que dire de ce découpage presque systématique des
répliques de Ricard qui font sursauter? On finit cependant par accepter
ce fait, surtout lorsque l’on voit la correspondance avec ses choix
physiques. Curieux, mais appréciable.
En somme, c’est une
production agréable à laquelle on est convié jusqu’au 30 septembre, au
théâtre de la rue Sainte-Catherine. Ne serait-ce de la longueur de la
représentation et de la fin abrupte, quoique justifiable, on pourrait
même aller jusqu’à dire que cette production vous promet quelques beaux
moments, sans toutefois vous brusquer.
La Dame aux camélias,
du 5 au 30 septembre, du mardi au vendredi 20 h, le samedi 15 h et 20
h. Au Théâtre du Nouveau Monde – 84, rue Sainte-Catherine Ouest.
Réservations : 514 866-8668.