Les Touaregs du Niger à l’honneur
Dans le cadre de l’année des déserts et de la désertification, à
l’occasion de la fête de la science à Paris, la ville de Paris a
proposé, du vendredi 1er au vendredi 15 septembre 2006, une exposition
mettant en honneur les Touaregs du Niger. Exposition à la mairie du Xe
arrondissement, proposant 34 photographies en couleur et en noir et
blanc avec un commentaire du géographe, spécialiste des Touaregs,
Edmond Bernus (1929-2004) directeur de recherche émérite à l’Institut
de recherche pour le développement (I.R.D. ex ORSTOM).
Les Touregs
sont un peuple nomade, voire semi-nomade occupant principalement les
régions montagneuses du Sahara central. Ce nom d’ailleurs de Touareg
est d’origine arabe signifiant « abandonné ». Il est inconnu de ceux
qu’il désigne : de ce fait, c’est un terme devenu français. Les
Touaregs se désignent eux-mêmes comme Kel tamasheq, « ceux qui parlent
la langue touarègue », montrant ainsi que leur dénominateur commun est
une même culture et avant tout un même langage. Ils se nomment
également Imajaghan ou Imuhagh (noble et libre).
Le vaste
Sahara central s’étend en Algérie, Libye et sur les bordures du Sahel,
Niger, Mali, et Burkina Faso. Les Kel tamasheq sont d’origine berbère
ou descendent des Lybiens, même si c’est au Niger et au Mali qu’ils
sont les plus nombreux, constituant 10 % et 6 % de la population
totale.
Les Touaregs possèdent cependant leur propre écriture,
de style quasi idéographique, appelé tifinagh. Mais la langue d’usage
reste géneralement le tamacheq. Ces hommes du désert ont conservé leur
extrême réserve ancestrale et se couvrent encore actuellement le visage
d’un voile ne découvrant que leurs yeux : toutes les tribus vivant dans
le désert s’enroulent un chèche sur la tête pour se protéger du sable
et des rayons ardents du soleil. Leurs sandales, fabriquées dans un
cuir spécial, leur permettent de marcher longuement dans le sable sans
peine. Les Touaregs sont souvent appelés les « hommes bleus », d’après
la couleur de leur vêtement.
Dans le passé, pendant des
centaines d’années pourtant ils furent les maîtres incontestés des
routes commerciales du Sahara, ce qui leur procurait profit et
autorité.
Jusqu’à la fin du VIIe siècle, époque à laquelle ils
fûrent écrasés par les Arabes qui envahissaient l’Afrique, les Touaregs
avaient dominé le Sahara, dont ils contrôlaient les pistes
caravanières. Considérés par les Arabes comme les « pillards du désert
», ils continuèrent cependant à contrôler le Sahara pendant des
siècles, en vendant au Soudan des esclaves qu’ ils capturaient, ou en
pillant les oasis, jusqu’à ce que les Français les soumettent en 1902.
A
la suite de la décolonisation, les frontières des pays africains se
sont matérialisées, alors que l’administration coloniale française
avait jusqu’alors fermé les yeux. Cette restriction de territoire est
devenue un problème pour la transhumance des Touaregs, qui peu à peu,
de nomades se sédentarisent, se fixent à proximité du paturage ou se
font embaucher, plus ou moins provisoirement dans les chantiers de
prospection pétrolière ou minière. Mais, n’ayant pas su s’adapter à
l’évolution de la situation économique et sociale, leur plus redoutable
ennemi reste l’automobile, permettant de transporter plus, et plus
rapidement. Les Touaregs ont donc été obligés de se spécialiser dans
l’agriculture et l’élevage pour survivre, c’est pourquoi ils vivent en
général dans les montagnes. Cette vie montagneuse est excessivement
misérable : par manque d’eau, l’hygiène est pratiquement absente, et
les maladies des yeux ou de la peau sont largement répandues.
Aujourd’hui,
beaucoup ont abandonné le nomadisme pour se fixer dans les grandes
villes en bordure du Sahara, comme Tamanrasset en Algérie ou Agadez au
Niger. Suite aux divers métissages avec les populations arabes et
noires d’Afrique sub-saharienne, un autre danger menace les Touaregs,
c’est l’assimilation culturelle et linguistique, ainsi qu’une
marginalisation économique et politique qui les a, semble- t-il,
conduits à la lutte armée dans les années 1990.
La société
touarègue est hiérarchisée ; elle comporte une aristocratie guerrière,
des vassaux, des religieux à titre collectif, des artisans et un groupe
servile qui comprend plusieurs niveaux selon son statut – esclaves,
affranchis… Le chameau, est l’animal associé à l’aristocratie, la
vache, et le petit bétail – brebis et chèvres – sont liés aux classes
plébéiennes ou serves. Chaque « confédération » est composée de ces
différentes strates, avec à sa tête un chef supérieur – amenokal –
toujours issu d’une même tribu et dont le pouvoir est matérialisé par
un tambour de guerre – ttobol ou ettebel.
Dans une société si
diverse, qui rassemble des hommes au teint clair et d’autres à la peau
noire, il n’existe pas de modèle touareg. Aussi, être Touareg, c’est
être en harmonie avec les exigences de la société, précises en fonction
de son âge, de son sexe, de sa catégorie sociale.
Chaque année,
en janvier, a lieu le festival du désert à Essakane, près de Tombouctou
au Mali, ainsi que celui d’Essouk, prés de Kidal. Plusieurs autres
festivals ont lieu à travers le pays touareg. Le prochain est pour les
11, 12 et 13 janvier 2007 à Tombouctou – Essakane.
Photo publicitaire pour le festival de 2007 à www.festival-au-desert.org