Les Touaregs du Niger à l’honneur

Écrit par Mj Dia, La Grande Époque
13.09.2006

  • NIGER : Touaregs autour d’un puits entre Agades et Arlit.(STF: PIERRE VERDY / ImageForum)

Dans le cadre de l’année des déserts et de la désertification, à

l’occasion de la fête de la science à Paris, la ville de Paris a

proposé, du vendredi 1er au vendredi 15 septembre 2006, une exposition

mettant en honneur les Touaregs du Niger. Exposition à la mairie du Xe

arrondissement, proposant 34 photographies en couleur et en noir et

blanc avec un commentaire du géographe, spécialiste des Touaregs,

Edmond Bernus (1929-2004) directeur de recherche émérite à l’Institut

de recherche pour le développement (I.R.D. ex ORSTOM).

Les Touregs

sont un peuple nomade, voire semi-nomade occupant principalement les

régions montagneuses du Sahara central. Ce nom d’ailleurs de Touareg

est d’origine arabe signifiant « abandonné ». Il est inconnu de ceux

qu’il désigne : de ce fait, c’est un terme devenu français. Les

Touaregs se désignent eux-mêmes comme Kel tamasheq, « ceux qui parlent

la langue touarègue », montrant ainsi que leur dénominateur commun est

une même culture et avant tout un même langage. Ils se nomment

également Imajaghan ou Imuhagh (noble et libre).

Le vaste

Sahara central s’étend en Algérie, Libye et sur les bordures du Sahel,

Niger, Mali, et Burkina Faso. Les Kel tamasheq sont d’origine berbère

ou descendent des Lybiens, même si c’est au Niger et au Mali qu’ils

sont les plus nombreux, constituant 10 % et 6 % de la population

totale.

Les Touaregs possèdent cependant leur propre écriture,

de style quasi idéographique, appelé tifinagh. Mais la langue d’usage

reste géneralement le tamacheq. Ces hommes du désert ont conservé leur

extrême réserve ancestrale et se couvrent encore actuellement le visage

d’un voile ne découvrant que leurs yeux : toutes les tribus vivant dans

le désert s’enroulent un chèche sur la tête pour se protéger du sable

et des rayons ardents du soleil. Leurs sandales, fabriquées dans un

cuir spécial, leur permettent de marcher longuement dans le sable sans

peine. Les Touaregs sont souvent appelés les « hommes bleus », d’après

la couleur de leur vêtement.

Dans le passé, pendant des

centaines d’années pourtant ils furent les maîtres incontestés des

routes commerciales du Sahara, ce qui leur procurait profit et

autorité.

Jusqu’à la fin du VIIe siècle, époque à laquelle ils

fûrent écrasés par les Arabes qui envahissaient l’Afrique, les Touaregs

avaient dominé le Sahara, dont ils contrôlaient les pistes

caravanières. Considérés par les Arabes comme les « pillards du désert

», ils continuèrent cependant à contrôler le Sahara pendant des

siècles, en vendant au Soudan des esclaves qu’ ils capturaient, ou en

pillant les oasis, jusqu’à ce que les Français les soumettent en 1902.

A

la suite de la décolonisation, les frontières des pays africains se

sont matérialisées, alors que l’administration coloniale française

avait jusqu’alors fermé les yeux. Cette restriction de territoire est

devenue un problème pour la transhumance des Touaregs, qui peu à peu,

de nomades se sédentarisent, se fixent à proximité du paturage ou se

font embaucher, plus ou moins provisoirement dans les chantiers de

prospection pétrolière ou minière. Mais, n’ayant pas su s’adapter à

l’évolution de la situation économique et sociale, leur plus redoutable

ennemi reste l’automobile, permettant de transporter plus, et plus

rapidement. Les Touaregs ont donc été obligés de se spécialiser dans

l’agriculture et l’élevage pour survivre, c’est pourquoi ils vivent en

général dans les montagnes. Cette vie montagneuse est excessivement

misérable : par manque d’eau, l’hygiène est pratiquement absente, et

les maladies des yeux ou de la peau sont largement répandues.

Aujourd’hui,

beaucoup ont abandonné le nomadisme pour se fixer dans les grandes

villes en bordure du Sahara, comme Tamanrasset en Algérie ou Agadez au

Niger. Suite aux divers métissages avec les populations arabes et

noires d’Afrique sub-saharienne, un autre danger menace les Touaregs,

c’est l’assimilation culturelle et linguistique, ainsi qu’une

marginalisation économique et politique qui les a, semble- t-il,

conduits à la lutte armée dans les années 1990.

La société

touarègue est hiérarchisée ; elle comporte une aristocratie guerrière,

des vassaux, des religieux à titre collectif, des artisans et un groupe

servile qui comprend plusieurs niveaux selon son statut – esclaves,

affranchis… Le chameau, est l’animal associé à l’aristocratie, la

vache, et le petit bétail – brebis et chèvres – sont liés aux classes

plébéiennes ou serves. Chaque « confédération » est composée de ces

différentes strates, avec à sa tête un chef supérieur – amenokal –

toujours issu d’une même tribu et dont le pouvoir est matérialisé par

un tambour de guerre – ttobol ou ettebel.

Dans une société si

diverse, qui rassemble des hommes au teint clair et d’autres à la peau

noire, il n’existe pas de modèle touareg. Aussi, être Touareg, c’est

être en harmonie avec les exigences de la société, précises en fonction

de son âge, de son sexe, de sa catégorie sociale.

Chaque année,

en janvier, a lieu le festival du désert à Essakane, près de Tombouctou

au Mali, ainsi que celui d’Essouk, prés de Kidal. Plusieurs autres

festivals ont lieu à travers le pays touareg. Le prochain est pour les

11, 12 et 13 janvier 2007 à Tombouctou – Essakane.

Photo publicitaire pour le festival de 2007 à www.festival-au-desert.org