Restructuration à l’Opéra de Montréal
Les voix discordantes seront enfin moins nombreuses pour l’Opéra de
Montreal (OdeM), après son annonce de l’adoption d’un plan de
restructuration de deux ans impliquant des «changements profonds» afin
de diminuer son déficit. Cette annonce suivait celle du directeur
artistique, Bernard Labadie, qu’il quitterait son poste à cause de son
manque de flexibilité artistique au sein de l’OdeM.
Ce plan inclut
des sacrifices, pour en dire le moins. Le Conseil d’administration de
l’OdeM a annoncé le 14 septembre le licenciement de 60 % de son
personnel (14 des 23 employés) et la perspective de nouveaux
partenariats avec le privé qui allégeraient son déficit de 2 millions
–accentué par des coupures du Conseil des arts des trois paliers de
gouvernement – au cours des treize dernières années. Renouvellement ou
stagnation?
«On va maintenir les hauts standards qu’on a toujours
eus. On n’a pas coupé deux sous là-dessus», lance le nouveau directeur
de l’Opéra, Pierre Dufour. «On est très confiant d’être en mesure de
rencontrer nos objectifs.»
M. Dufour, en entrevue avec La Grande Époque,
a annoncé que l’Opéra implémentera «une rationalisation au niveau des
dépenses globales» afin de sécuriser l’année 2007-2008. En plus de
mettre en vigueur ces compressions budgétaires, l’administration
cherche activement de nouvelles sources de financement. «Il est
important pour nous de s’associer par le truchement des
commanditaires», explique Pierre Dufour.
Puisque la
programmation est toujours choisie longtemps avant les spectacles, la
démission de M. Labadie n’affecte aucunement la programmation. Son
règne depuis 2002 a été caractérisé par de grandes ambitions
artistiques qui ont servi de tremplin pour les commandites. En 2006, la
situation financière précaire de l’Opéra de Montréal laisse constater
que ça n’a pas fonctionné. Les prochaines années seront sûrement pour
l’Opéra des années modestes.
Le plan de redressement inclut la
nomination de l'entrepreneur en informatique Alexandre Taillefer comme
président du conseil d’administration. Le musicologue, conférencier et
animateur à Espace musique (FM 100.7), Pierre Vachon, devient aussi
directeur de communication et du marketing.
Plusieurs projets
coûteux à caractère communautaire seront ainsi annulés, dont la
TechnOpéra. On n’annonce cependant pas de changement à la programmation
2006-2007, qui inclut cinq opéras. La production de l’atelier lyrique,
Le Gala - 11e édition et certaines activités éducatives (générales
ouvertes, matinée scolaire, coOpéra et préOpéra) seront maintenus pour
l’instant.
Pour les saisons à venir, les prix des billets fort
abordables (en moyenne 30 $) devraient demeurer à des niveaux
semblables. «Les jeunes y répondent de façon très favorable», dit M.
Dufour. Il souligne que son Opéra est parmi ceux ayant le plus fort
pourcentage d’assistance en Amérique du Nord.
La démission du
directeur général Bernard Labadie, créateur des Violons du Roy et
ancien chef de l’Opéra de Québec, avait laissé plusieurs interrogations
concernant l’avenir de l’institution culturelle. Selon La Presse,
le chef d’orchestre donne au maximum trois ans de survie à l’Opéra, si
rien n’est fait. Une ventilation de la programmation d’une saison sur
l’échelle de deux années ainsi qu’une fusion avec une autre opéra ou
même la fermeture de l’OdeM dans un avenir proche avaient été évoqués.
Le
nouveau directeur général de l’OdeM assure qu’il s’agissait uniquement
de «rumeurs», et qu’il n’envisage pas avoir recours à la faillite ou à
une fusion avec une autre compagnie quelconque.
La 26e saison de l’Opéra de Montréal débute le 23 septembre avec Il tabarro et Suor Angelica de Giacomo Puccini.